Avec des soutiens internationaux, l’Université fédérale d’agriculture d’Abeokuta développe une formation en physique et chimie computationnelles, pour les Nigérians et tous les autres Africains
Les physiciens nigérians ont saisi l’occasion d’enrichir leur formation suite au report de l’atelier 2014 de l’African School for Electronic Structure Methods and Applications (ASESMA) qui devait se tenir à Abuja, au Nigeria. L’Université fédérale d’agriculture d’Abeokuta (FUNAAB) a depuis organisé deux programmes de formation internationaux destinés aux physiciens théoriciens. Le premier atelier, intitulé « École avancée sur les applications des principes fondamentaux et des simulations moléculaires en sciences physiques », s’est tenu en février 2018, sous la direction du professeur Gboyega Augustine Adebayo et du professeur Peter Kratzer. La deuxième formation, intitulée « École conjointe ICTP–AIEA-FUNAAB sur les applications des simulations de Monte Carlo et de la dynamique moléculaire en radioprotection et en physique de la santé », qui s’est tenue du 5 au 9 juin 2024, était axée sur les études théoriques destinées aux sépcialistes de physique médicale et aux biophysiciens.
Le professeur G. A. Adebayo a joué un rôle central dans ces deux événements, grâce à son leadership et à sa vision qui ont contribué à leur succès, mais les principaux organisateurs, le Dr Paul O. Adebambo, le professeur Itunu C. Okeyode et le professeur Amidu O. Mustapha, ont aussi apporté une contribution significative. Grâce à leurs efforts conjoints, ils ont assuré le succès du programme ICTP-AIEA-FUNAAB.
Remerciements du vice-chancelier
Joy Adeyiga et Femi Dansu (de la FUNAAB) rapportent que lors de la cérémonie d’ouverture de l’école ICTP-AIEA-FUNAAB de juin 2024, le vice-chancelier, le professeur Babatunde Kehinde, a souligné la nécessité de maintenir les connaissances et les compétences grâce à un mentorat post-scolaire, à la collaboration en matière de recherche et aux échanges d’étudiants et de personnel entre les institutions participantes. Le professeur Kehinde a félicité les organisateurs d’avoir mis en place ce programme scientifique à la FUNAAB, et a souligné la contribution de l’université à la recherche et au développement. Il a exprimé sa gratitude à l’ICTP pour son soutien financier, soulignant que les jeunes physiciens théoriciens des pays en développement peuvent désormais poursuivre leur carrière sans quitter leur pays d’origine. Il a aussi salué la coïncidence symbolique entre l’organisation de l’école et le 60e anniversaire de l’ICTP, affirmant l’engagement du Centre à transmettre ses compétences en matière de recherche aux scientifiques des pays en développement. Il a souhaité aux participants un engagement fructueux et les a encouragés à profiter de l’environnement de la FUNAAB.
Réflexions du principal organisateur
À l’issue de l’événement ICTP-AIEA-FUNAAB, le professeur Adebayo, qui a joué un rôle déterminant dans l’organisation des deux ateliers au Nigeria, a partagé ci-dessous ses réflexions sur l’importance de ces initiatives de formation et les perspectives de la physique théorique en Afrique à la lumière de ces réalisations.
Comment envisagez-vous l’impact de ces programmes de formation sur le développement des physiciens théoriciens au Nigeria et en Afrique ?
Adebayo : « Cette activité a permis de réunir plus de 65 participants, en présentiel et en ligne, venus de toute l’Afrique, dont 26 du Nigeria. C’est un nombre impressionnant de participants étrangers pour une activité scientifique au Nigeria. Bien que les fonds limités dont nous disposions n’auraient permis que la participation de quatre participants étrangers, la sage décision des organisateurs d’accepter la participation virtuelle de nombreux participants étrangers via Zoom a permis d’élargir l’accès. L’impact de cette formation ne se fera pas seulement sentir chez les jeunes physiciens théoriciens, mais aussi chez ceux qui travaillent dans le domaine de la radioprotection et de la physique de la santé, car les thèmes abordés étaient des points de convergence entre la physique computationnelle de la matière condensée, la radioprotection, et la physique de la santé. À la fin de l’activité, les participants ont formé des groupes de recherche afin de mener à bien de petits projets, qui pourraient déboucher sur des partenariats à long terme pour la résolution de problèmes de recherche.
Compte tenu du besoin croissant de formation locale, je pense que la solution réside dans un mode de participation hybride, qui permettra aux participants et aux intervenants de s’engager pleinement depuis n’importe quelle partie du monde. Cependant, les problèmes immédiats liés au mode virtuel sont précisément ceux que nos homologues en Europe et dans d’autres pays développés considèrent comme acquis, à savoir l’accès à l’électricité et à Internet. Au Nigeria, par exemple, les organisateurs ont investi des sommes considérables pour assurer une alimentation électrique ininterrompue pendant toute la durée de l’événement. De plus, la lenteur de la connexion Internet est un problème immédiat pour l’organisation virtuelle d’ateliers, de réunions et de formations, qui doit être résolu à un coût très élevé. »
Compte tenu de l’importance accordée au maintien des connaissances et des compétences par le biais du mentorat, de la collaboration en matière de recherche et des échanges, comme l’a souligné le vice-chancelier, le professeur Kehinde, quelles stratégies recommandez-vous pour garantir le succès et la pérennité de ces initiatives de formation ?
Adebayo : « Les scientifiques africains doivent former des groupes de recherche transnationaux afin de supprimer les frontières et de favoriser une plus grande collaboration entre les Africains pour développer le continent. De plus, la formation des jeunes doit être transnationale, et ne pas se concentrer dans un seul pays. À cet égard, la stratégie consistant à former des groupes chargés de résoudre des problèmes de recherche à long terme devrait être utile. »
En conclusion, l’école conjointe ICTP-AIEA-FUNAAB a joué un rôle essentiel dans l’avancement de la physique en Afrique. Avec le soutien de l’ICTP et de l’AIEA, cette initiative met l’accent sur la durabilité grâce au mentorat, à la collaboration et aux échanges. La FUNAAB continue de jouer un rôle essentiel dans la promotion du développement scientifique, en offrant aux jeunes physiciens la possibilité de poursuivre une carrière de niveau international dans leur pays.
Omamuyovwi Rita Jolayemi, Covenant University, Nigeria
Cet article a été publié par la Newsletter de la physique africaine en avril 2025. Il a été traduit par Afriscitech avec l’autorisation de l’American Physical Society.